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10 décembre 2008 3 10 /12 /décembre /2008 00:07

 ALORS QUE PLUS D'UN MILLION ET DEMI DE LOGEMENTS SONT INOCCUPÉS

Peut-on prétendre à l'achat d'un logement en Algérie ? La réponse est évidente. A moins d'avoir un sac de billets de banque plein à ras bord, il est impossible d'acquérir ne serait-ce qu'un petit appartement dans un immeuble déglingué. Les salaires étant ce qu'ils sont, il faut avoir deux vies pour rassembler l'argent nécessaire à l'achat d'un logement. Les prix volent très haut. Ce qui pousse bon nombre de ménages issus de la couche moyenne à s'adresser au marché locatif. Et là, bonjour la saignée !

Enquête réalisée par Fatma Haouari

C'est un drame vécu quotidiennement. Car dès qu'on entre dans ce cercle vicieux, on ne peut plus en sortir. A peine l'année de location entamée, on pense à la prochaine qui arrive, la peur au ventre de se retrouver à la rue. Ceux qui se font piéger dans cette spirale infernale grossissent les rangs des pauvres. Ils ne dévoilent pas toujours leurs angoisses et attendent qu'un miracle se produise et qu'ils puissent être tout simplement traités comme des citoyens qui accomplissent leurs devoirs et jouissent de leurs droits. Ceux rencontrés dans les agences immobilières que nous avons approchés pour les besoins de l'enquête en ont gros sur le cour. Il faut dire que toutes les catégories professionnelles sont touchées par ce problème. Il n'est pas rare de voir des enseignants, médecins, journalistes et autres universitaires qui vivent de leurs salaires s'endetter pour louer leurs appartements. Selon les locataires que nous avons pu aborder, «il faut cavaler longtemps, faire plusieurs agences immobilières, feuilleter les journaux des petites annonces, dépenser une fortune en frais de téléphone, demander à droite et à gauche si on a entendu parler d'une location pas chère et pas très loin du centre-ville mais c'est souvent un rêve inaccessible. Il faut sortir hors d'Alger et si on ne possède pas de voiture, on va devoir jouer des coudes dans les bus et les taxis. C'est dire qu'on est saigné quoi que l'on fasse. Le moral après une fin de journée passée à faire le pied de grue devant les arrêts de bus est sapé». Youcef est un agent immobilier activant au centre-ville. Il est dans le circuit depuis cinq ans. C'est un métier qui lui permet de bien gagner sa vie. «Je peux atteindre jusqu'à 50 000 DA, voire plus par mois. Cela dépend des transactions et de leurs nombre.» Il a rendez-vous avec Hakima, cadre commerciale dans une agence de communication qui cherche un F2 ne dépassant pas les 15 000 DA. Youcef fait la moue. A ce prix-là, il sait qu'il va avoir du mal à trouver la perle rare. A la question de savoir comment elle fait pour trouver un équilibre à son budget de ménage, Hakima manque de peu de pleurer. «La location m'a ruinée ! répond-elle, mon mari vient de perdre son emploi, il fait une dépression nerveuse. J'ai un enfant malade. Je suis obligée de fractionner mon salaire. Je donne 20 000 DA au propriétaire et je dois vivre, moi, mon mari et mes deux enfants, avec 10 000 DA ! Autant vous dire que je souffre le calvaire, je suis surendettée, mes parents, mes frères, mes sœurs, mes amis, mes collègues, je dois de l’argent à tout le monde. Je fuis mes débiteurs et je sais que j'ai perdu l'estime des gens qui m'entourent. » La mine défaite, elle poursuit : «Dans un mois, je dois débarrasser le plancher. Le propriétaire m'a fait comprendre qu'il voulait augmenter le loyer. Il veut 25 000 DA par mois, même en faisant la manche, je n'y arriverai pas.» Youcef lui promet de faire tout son possible pour lui trouver ce qu'elle cherche mais au fond, il a très peu d'espoir. Il nous explique que des opportunités pareilles se négocient sous le manteau et en dehors des circuits habituels, il y a une tension sur les studios et les F2, en hivers les prix baissent légèrement mais en été, ça flambe. Une heure plus tard, Saïd débarque. Il est fonctionnaire. Après une vive dispute avec ses parents, il a plié bagage avec femme et enfants. Il en a trois. «Deux filles et un garçon qui sont très perturbés par cette situation», nous confie-t-il. «A quarante-cinq ans, je n'ai pas de logement et quand on n'a pas de logement, on n'a rien. J'ai dû changer de domicile trois fois en trois ans. Heureusement que ma femme travaille, sinon je n'aurais pas pu tenir le coup. J'ai déposé mon dossier à l'AADL et j'attends que mon rêve et celui de ma famille d'avoir, enfin, un toit se réalisent.» A ce propos, il nous révèle qu'il a peiné pour retirer un certificat de résidence de la mairie dépendant de la commune où il résidait. Il a fallu une intervention pour qu'on lui en délivre un. «On m'a signifié, relate-t-il, que le contrat de location n'était pas valable. Quand j'ai demandé un certificat d'hébergement à mon propriétaire, ce dernier a refusé de me le donner quand il a su que c'était pour l'acquisition d'un logement ». «C'est de l'humiliation», déplore-t-il. Youcef, lui, a programmé une visite d'un F2. Nous demandons à Saïd s'il accepte qu'on l'accompagne. Il acquiesce du bonnet. L'agent immobilier lui parle d'un appartement «propre» qui signifie dans le jargon professionnel «pas trop délabré». Mais là, surprise ! L'appartement situé à la rue Burdeau est un «bouiboui», ne contenant pas de fenêtre, à peine une lucarne qui donne sur le voisinage. Un patio lugubre, deux petites chambres. Pas de couloir, pas de salle de bains, mais des WC avec un receveur de douche. Les murs sont crasseux. L'appartement ressemble à une vieille cave transformée en habitation. L'agent immobilier tente de minimiser «l'horreur». «C'était un bureau de transitaire ! Un coup de peinture et ça ira.» Saïd affiche une mine circonspecte. «Le prix est quand même élevé, 20 000 DA pour ce taudis, c'est de la folie !» Youcef, rodé à ce genre de situations, va essayer de négocier avec la propriétaire qui se trouve à Ghardaïa d'où elle est originaire. Il se retire dans un coin, sort son téléphone portable et appelle la dame. Après un bref conciliabule, il revient vers Saïd qui montre des signes d'agacement. «J'ai parlé avec la propriétaire. Elle est prête à le lâcher pour 18 000 DA fermes. La peinture est à votre charge.» Saïd froisse les sourcils. Il refuse l'offre. «Trouvez-moi autre chose.» Youcef lui donne rendez-vous pour le lendemain. «Il y a un appartement à Beni- Messous après le commissariat. Dans un immeuble neuf, au quatrième étage. Il est spacieux. Je peux vous l'avoir pour 17 000DA.» Saïd est démoralisé. Il accepte de faire la visite ; cependant, il doit payer 400 DA pour le transport. C'est la règle et si l'appartement lui convient, il devra débourser une année d'avance, payer les frais du notaire et verser la prestation de l'agent immobilier qu'on appelle communément le treizième mois et, dans son cas, elle est de 17 000 DA.
La colocation fait recette

Beaucoup de locataires ont recours au système D, celui de la débrouille. On finit au bout de quelque temps par s'habituer à la galère. L'objectif étant de survivre et de prendre son mal en patience. Les petites annonces dans les journaux fournissent un aperçu sur la moyenne des tarifs de location pratiqués actuellement. Tout le monde a dû croiser des annonces du genre «Particulier cherche une colocation, un appartement à Alger- Centre. Contactez-moi (numéro de téléphone portable). Non sérieux s’abstenir» ou encore «Jeune femme cherche des colocataires sérieuses pour louer un appartement à Alger- Centre pour 11 mois. J'ai loué cet appartement type F2 à 18 000 DA par mois.» «Jeune médecin cherche une colocation à Hussein-Dey.» «Cherche colocataire, étudiante ou résidente en sciences médicales.» On remarque même des sites internet qui se spécialisent dans ce créneau. Il suffit de taper sur le clavier et entrer «colocation» et vous voilà servis. Un message vous accueille ainsi : «Que vous soyez à la recherche d'un appartement, d'un locataire ou d'un colocataire, n'attendez plus ! Consultez les annonces ou publiez-en une gratuitement si vous le désirez ! Publier votre annonce (demande ou offre).» Bien entendu, ce circuit est aventureux et comprend des risques car on ne sait pas toujours sur qui on tombe. Les célibataires, étudiants ou travailleurs ont recours à la formule de colocation pour alléger le poids du loyer qu'ils ne peuvent supporter seuls. Parfois, le loyer équivaut à leurs salaires et quand on sait ce qu'endurent les jeunes à trouver un boulot et se prendre en charge, on devine aisément que la colocation reste un bon moyen pour ne pas se ruiner totalement. Il est vrai qu'à la fin du mois, il ne reste pas grand-chose de la paie. Mais c'est mieux que de se rouler les pouces notamment pour ceux qui viennent de l'intérieur du pays à la recherche de moyens de subsistance. Salim, journaliste dans un quotidien d'information, nous dit : «Les gens croient que nous autres journalistes, sommes mieux lotis que les autres cadres mais dans la profession, il y a de vrais cas sociaux. Mon salaire ne me permet ni de prétendre à un logement social, ni à celui d'un logement LSP. Pour ce dernier, il faut payer cash 800 000 DA. Ce qui représente 32 mois de salaires à raison de 25 000 DA par mois. Je ne dois ni boire, ni manger pour économiser pendant près de trois ans. Je ne sais pas comment le gouvernement s'arrange pour faire ses calculs, ils sont totalement faux !» Salim a pris une colocation à Réghaïa avec deux autres collègues. Il paye 5000 DA par mois sans oublier qu'il doit subir les affres du transport public qui lui bouffe presque le même montant. «On parle d'un quota de logements, révèle-t- il, pour les journalistes. Un dossier pris en charge par l'ancien ministre de la Communication. Apparemment, avec le changement opéré dans l'exécutif, c'est tombé à l'eau», conclut-il. Les femmes et les jeunes femmes seules, étudiantes ou travailleuses, ont aussi leur circuit. Il s'agit des pensionnats. En général, ce sont des familles qui louent au mois une chambre pour quatre ou cinq filles à raison de 5 000 DA à 6 000 DA, voire plus. Quelques rares auberges proposent la même formule comme celle de la place du 1er- Mai. Un circuit qui s'est développé ces dernières années à la faveur des exodes ruraux pour cause de terrorisme, paupérisation et absence d'emploi mais aussi pour des raisons liées à l'évolution de la société qui ne voit plus dans le travail de la femme un aspect dégradant ou honteux. Beaucoup de familles paysannes laissent leurs filles travailler dans les grandes villes. Ça leur permet de souffler financièrement. Et sur le plan social, ces familles ont compris que les jeunes femmes qui se prennent en charge ont plus de chances de trouver un mari en ces temps durs où on doit travailler à plusieurs pour joindre les deux bouts.
La vie facile des nantis
Le marché locatif en Algérie est totalement libre. Il n'obéit à aucune réglementation. C'est à celui qui sait tirer son épingle du jeu et il faut faire attention aux arnaques qui sont légion. C'est un filon en or, une source d'enrichissement facile. Surestimation des honoraires des biens immobiliers, absence de relations contractuelles avec le client, fraude fiscale. Ce marché est une pétaudière. L'Etat reste désespérément absent. Certains qui construisent leurs villas avec des locaux commerciaux au rez-de-chaussée n'hésitent pas à exploiter la misère des gens pour en faire un fonds de commerce. A Bordj-El- Bahri, El-Hamiz et en des lieux à forte concentration commerciale, des niveaux de villas en cours de construction sont loués au noir à des ouvriers, des tâcherons et des manœuvres. Ce sont des travailleurs qui viennent des villes intérieures et des wilayas limitrophes pour travailler sans aucune protection sociale. Pour 2 000 DA à 3 000 DA, on s'entasse à plusieurs dans quatre murs, sans eau ni électricité. L'hiver de cette année plonge ces habitations dans la gadoue. Les travailleurs acceptent ces conditions difficiles car ils n'ont guère le choix. En entamant notre enquête, nous avons appris l'existence de pratiques des plus curieuses. Des logements sont loués à la journée pour un montant de 10 000 DA. Ce sont des appartements situés dans les quartiers résidentiels de la capitale qui servent d'escale à des étrangers, des hommes d'affaires qui y concluent des transactions loin des badauds et en dehors des hôtels chics. Des hommes mariés volages et riches d'Alger ou qui viennent parfois de l'intérieur du pays «réservent» ces appartements pour se «distraire ». Ils louent aussi à l'année sauf que, dans ce cas-là, ils payent moins. Des émigrés, que le change avantage, y trouvent aussi leur bonheur pour passer quelques jours au bled pour ne pas aller chez la famille. Salah, qui fait dans ce business ne travaille plus avec «les pauvres» comme il dit. «J'ai arrêté les apparts à 15 000 et 18 000 DA, je perds un temps fou dans les déplacements, les clients trop regardants sur les prix sont fatiguants et jamais contents. J'ai de gros clients, quatre appartements haut standing au Debussy, Val d'Hydra, Sacré- Cœur et Sidi-Yahia. Je gagne ma vie rien qu'on les louant sans contrat pour deux jours, une semaine ou 15 jours». Ces appartements sont à vous ? demandons-nous. Il réplique avec désinvolture «Celui de Debussy est à moi, les trois autres appartiennent à de hauts responsables.» Il n'en dira pas plus, nous savons au moins qu'il y a «des Algériens d'en haut» qui louent pour le plaisir. Ce qui n'est pas le cas de la majorité. Salah sait vendre ses produits. «C'est fou ce que certains nouveaux riches sont capables de dépenser pour leur confort (rires). Le magnifique studio de 55 m2 situé au Val d'Hydra est sublime, cuisine américaine et vue imprenable. A l'année, je le loue pour 45 000 DA le mois.» Les appartements et les villas haut standing, avec l'arrivée des investisseurs étrangers, sont loués en euros.
Crise de logement ou mauvaise gestion ?

Le 5e recensement général de la population et de l'habitat est passé pratiquement inaperçu sur une vérité qui donne froid dans le dos et atteste de l'ampleur de la gabegie, la corruption et la mauvaise gestion qui caractérisent le secteur de l'habitat en Algérie. Les données statistiques du parc logements de cette année ne souffrent aucune équivoque. Sur un total de 6 748 057 logements constituant le parc national, 5 244 947 logements sont habités. Soit 1 503 710 de logements inhabités. Il y a un excédent de logements et non un déficit, comme on a tendance à le faire croire. Une fausse crise de logement exacerbée par la spéculation, un business qui rapporte gros. Sans doute aussi gros que les importations, le banditisme et le trafic de drogue. Sur le tableau récapitulatif du parc logements fourni par l'ONS, nous avons tenté de trouver un quelconque déficit, en vain. Dans les 48 wilayas du pays, des logements restent désespérément inoccupés. Même la ville de Chlef qui vit au rythme d'émeutes cycliques dues en grande partie au problème de relogement des sinistrés dispose de logements vides. Cette région, lourdement éprouvée par le terrorisme et les catastrophes naturelles, détient un parc de 173 883 logements. Sur ce nombre, 139 410 logements sont habités contre 34 473 inhabités. Quant à la capitale, elle dispose d'un parc de 638 804 logements dont 508 775 sont habités et 103 029 inhabités. Idem pour les grandes villes. Alors où se situe la faille ? Il est vrai que tout le monde fait la même réflexion dans la rue. L'Etat dépense des fortunes colossales dans le secteur de l'habitat qui représente 2% du PIB, les lois de finances complémentaires ne sont jamais dénuées d'enveloppes supplémentaires pour construire plus de logements et faciliter leur acquisition mais la crise de logement n'est toujours pas résorbée. Il semblerait même qu'elle se complique de plus en plus. Un jour on accuse les EPLF de faillir à leur mission en semant la panique chez les acquéreurs qui ont payé rubis sur l’ongle leurs futurs appartements, une autre fois, c'est l'AADL qui est dans le collimateur en annonçant à demi-mot sa disparition. C'est dire que le gouvernement tâtonne et peine à trouver des solutions idoines. Seront-ils les lampistes qu'on sacrifie à chaque fois qu'on est appelé à rendre des comptes ? Il faut le croire. Pourtant, grâce à ces deux dispositifs, on a bien servi la junte à coups d'injonctions et de réquisitions. Les rapports à ce sujet ne manquent pas. Celui des EPLF que Le Soir d'Algériea publié (au mois de septembre dernier) mentionne les travers de la politique en matière d'habitat concernant ce promoteur public. Nous nous sommes rendus sur le terrain pour voir de visu certains immeubles dont on a appris par ouï-dire la vacance. Nous avons constaté que beaucoup d'entre eux, aussi bien au cœur de la capitale, dans ces immeubles cossus datant de l'époque coloniale appartenant à l'OPGI comme dans les banlieues où d'anciennes forêts et vallons ont subi des coupes franches pour leur construction, sont inhabités ou occupés par quelques personnes. A Saïd- Hamdine, Bordj-El-Kiffan (première grande agglomération), El- Achour, Baba-H'sen, Birtouta, Beni-Messous, pour ne citer que ces quartiers d'Alger, des appartements finis dont on ignore les noms des propriétaires sont inoccupés. Et pourtant, ce sont des logements appartenant à l'Etat, tous promoteurs confondus : (EPLF, Cnep, OPGI et LSP). Pour ceux qui ont l'habitude de prendre l'autoroute, que ce soit du côté ouest ou est, ils ont dû remarquer des immeubles à perte de vue qui grignotent chaque jour des terrains vagues dépouillés de leur verdure, lesquels en dépit du fait qu'ils soient finis, ne montrent aucun signe de vie en leur sein. Au mois d'août dernier, l'actuel Premier ministre, alors chef du gouvernement, annonçait la mise en place d'une commission interministérielle chargée d’élaborer des propositions contre le phénomène des logements inoccupés. L’objectif recherché, a-t-on précisé «est de préparer le terrain à des opérations de contrôle à travers le territoire national quant aux logements attribués de manière douteuse et exploités à des fins parasitaires ». Cette structure réunit des représentants des ministères de de l’Intérieur, de l’Habitat et de la Justice. Il était question que le gouvernement trouve «les instruments requis, y compris législatifs et incitatifs, pour mettre un terme à la subsistance d’un important parc de logements inoccupées, acquis ou loués auprès de l’Etat, ou réalisés avec un soutien public alors que le déficit national de logements demeure sensible». En outre, «un fichier national du logement est censé consigner l’ensemble des décisions d’attribution de logements sociaux ou d’aide de l’Etat, regroupant les logements publics locatifs, les logements sociaux-participatifs, les logements cédés dans le cadre de la location-vente, des terrains à caractère social ainsi que les aides de l’Etat attribuées pour l’achat ou la construction d’un logement». Ira-t-on jusqu'au bout de ce processus qui doit prendre deux ans, sachant que les détournements de logements obéissent aux critères du népotisme, du passe-droit et de la «chipa», des pratiques qui gangrènent l'administration. Certaines personnalités se sont allégrement servies en s'accordant des logements pour eux et pour leurs proches quand ils occupaient des postes supérieurs et même que certains y sont toujours. C'est un secret de Polichinelle, cependant, personne n'ose les identifier ouvertement. Bien que les autorités reconnaissent en haut lieu «le phénomène» des logements inoccupés, aucune mesure concrète n'a été prise pour le juguler. Il y a un parc important qui n’est ni vendu, ni exploité sous forme de location. On parle de dispositions apportées dans ce domaine pour permettre la mise sur le marché locatif des logements dormants. Il était question que la Cnep et l'OPGI participent à cet effort pour soulager les fonctionnaires et autres salariés du secteur privé. S'agissant de la vente, on continue à traiter les demandes de logement en matière d’apport personnel de manière uniforme. Et même les formules comme «la promesse de vente» pour l'acquisition d'un logement ainsi que le recours au financement par les banques se heurtent à l'envolée des prix, notamment dans les agglomérations chefs-lieux (ACL). L'Algérie est sans doute le pays du paradoxe et de la contradiction. L'argent coule à flots, des réserves de change attirent les «affairistes» de tout acabit, des capitaux stagnent dans les banques mais les citoyens vivent une misère à tous les niveaux. Ils constatent, impuissants, l'existence d'immeubles vides alors qu'ils sont ruinés par la location.
F. H. soir d'Algérie

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