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18 février 2009 3 18 /02 /février /2009 00:04

Kamel Daoud (Ecrivain et journaliste) de mostaganem : « Rien n’est plus douloureux que d’écrire dans le vide »

- Qu’est-ce que cela vous fait d’être enfin reçu à Mosta, chez vous ? - C’est un énorme plaisir surtout que cette invitation est à l’initiative de l’université. En Algérie, les écrivains de la dernière génération ne font l’objet d’aucune sollicitation de la part des universités algériennes où l’on continue de ne s’intéresser qu’aux écrivains des générations antérieures. Ce qui ne veut pas dire que Kateb Yacine, Boudjedra ou d’autres n’ont pas de mérite.

- Pourquoi et pour qui écrivez-vous ?
- Ecrire c’est au départ un peu narcissique, mais j’écris également pour séduire. Quand on a la chance de rencontrer son lectorat, c’est très important pour celui qui écrit. La rencontre avec ses lecteurs est la raison même de l’écriture. Sans ce vis-à-vis, l’acte d’écrire n’a plus de sens.
- Quelle est votre grande frustration ?
- C’est de ne pas avoir suffisamment de temps pour l’écriture, c’est l’absence des conditions de l’écriture.
- Ça se résume à quoi une évasion ?
- Non, l’essentiel c’est d’avoir la paix, ne pas avoir de soucis d’ordre domestique, alimentaire, social… Il n’y a rien de plus pénible que de devoir s’arrêter sur un projet de roman pour des futilités de temps, car il faut absolument rendre sa chronique. Pourtant j’écris très vite, mais je n’ai pas toujours le temps, car il y a toujours des impondérables qui prennent le dessus.
- Entre la chronique et le roman, où va votre préférence ?
- La chronique traite de l’immédiat, en retour, l’écho est quasi instantané. Je suis impressionné par certains lecteurs qui prennent le soin de m’écrire des lettres pour donner leur opinion. Je trouve ça fabuleux et généreux. La chronique traite de l’instantané, c’est pourquoi elle prend beaucoup de temps au roman qui a besoin de plus de recul. Ce parasitage est énorme et j’aimerai tant pouvoir arrêter la chronique et me consacrer aux romans ! Mais ça, ce n’est pas possible. Quelque part, mes romans ne sont en fait que des préfaces, ils sont inachevés, faute de temps.
-  Votre appréciation sur le marché du livre en Algérie…
- Contrairement aux idées reçues, il y a un lectorat algérien, le problème se situe au niveau de la distribution. Certains auteurs sont contraints de faire du porte-à-porte pour vendre leurs livres. Les lieux de rencontre avec les lecteurs, les ventes dédicaces sont si rares. Pourtant, il y a une réelle demande, y compris dans les villes de l’intérieur.

Par Yacine Alim

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